Ce n’est pas un phénomène nouveau mais il semble avoir prendre de l’ampleur (f)zunehmenpris de l’ampleur ces dernières années. La « novlangue » – comprenez la nouvelle langue – est en train d’envahirüberschwemmenenvahir notre vocabulaire français tel qu’il a été fixé au XVIe siècle, notamment par les poètes de la Pléiade, et en particulier par Joachim du Bellay avec son ouvrage de référence, Défense et illustration de la langue française.
L’euphémisme pour règle
Mais qu’est-ce que la novlangue ? Il s’agit de l’l’emploi (m)der Gebrauchemploi de mots et de formules récemmentunlängstrécemment introduits dans notre langage, en le remplacementder Ersatzremplacement de termes déjà existants, mais dont l’usage ne respecterait pas les codes du « politiquement correct ». Dans cette façon de communiquer, les mots qui pourraient déplairemissfallendéplaire ou offenserbeleidigenoffenser écarterentfernensont écartés au profit d’euphémismes, de périphrases ou de le détourder Umwegdétours linguistiques ne contenant aucune nuance péjoratif,veabwertendpéjorative. La novlangue entend ainsi préserver, par exemple, la susceptibilité des minorités ethniques, religieuses, sociales, sexuelles ou culturelles.
Ce terme est une traduction de newspeak, un langage élaboré,eerarbeitetélaboré par George Orwell dans son célèbre ouvrage de fiction 1984 paru en 1949. La novlangue y est un l’outil (m)das Werkzeugoutil de contrôle de la population. Les mots utilisés servent à limiter la liberté de pensée des gens. Aujourd’hui, la novlangue qui sévirsein Unwesen treibensévit en France n’est certes pas la langue instauré,eeingeführtinstaurée de force dans une dictature comme dans le livre 1984, mais pour de nombreux défenseurs de la langue française elle n’en est pas moins un véritable danger.
Ce n’est pas une langue qui naît de l’évolution habituelle des mots comme cela s’est fait à travers les siècles. Un mot a une la racinedie Wurzelracine ancienne. Il subit des influences, prend différentes formes, mais garde en lui le signe ancien de la nécessité de son emploi pour s’exprimer. Regarder l’étymologie d’un mot, c’est remonter le tempsin die Vergangenheit zurückgehenremonter le temps, passer par sa forme médiéval,eaus dem Mittelaltermédiévale, grecque, latine… parfois suivre sa trace jusqu’au sanskrit dans une forme mystérieusement primitive. Les mots nous racontent tous une histoire qu’ils transportent depuis les origines de la la paroledas Wortparole, l’histoire de nos civilisations successives. Ils parlent de la façon dont le monde ressentirerlebena été compris, ressentirerlebenressenti, pensé depuis les temps les plus anciens. Les mots sont chargés de sens mais aussi d’émotions. Ils peuvent nous bouleverserberührenbouleverser, nous ouvrir un monde de connaissances et de la sensationdas Gefühlsensations inconnues. Ils nous permettent de communiquer mais aussi de nous définir, d’exprimer ce que nous sommes.
les mots de la novlangue semblent n’avoir aucun passé : ils sont nés pour la plupart dans des bureaux de technocrates
Au contraire les mots de la novlangue semblent n’avoir aucun passé : ils sont nés pour la plupart dans des bureaux de technocrates. Leur but est de rendre acceptable quelque chose qui, dit avec les mots de tous les jours, ne le serait pas. On parlera ainsi de frappe chirurgicale pour définir un bombardement précis lors d’une guerre. Cette expression a l’l’avantage (m)der Vorteilavantage d’effacertilgeneffacer le sang et les morts qu’évoquerheraufbeschwörenévoque le mot bombardement par une dénomination qui nous transporte dans un monde de technicité parfaite où des chirurgiens opèrent sans laisser de cicatrice. Le terme de développement durable sert, lui, à adoucirbesänftigenadoucir les angoisses liées au changement climatique. Il suggère que quelqu’un, quelque part, a la solution pour qu’on puisse « durer » éternellement sur cette terre tout en continuant à se développer sans faire machine arrièreden Rückwärtsgang einlegenfaire machine arrière. Quant à l’intervention musclée de la police, elle ne signifie pas que les policiers paradent dans les rues en montrant leurs muscles, mais qu’ils sont intervenus à coups de la matraqueder Schlagstockmatraque sur le terrain.
Tout ça ne serait qu’un effet de mode sujet à plaisanterie (f)über den man lachen könntesujet à plaisanterie si la novlangue ne cherchait pas à orienter notre manière de penser. Elle tente d’imposer une vision du monde qui ne peut pas s’opposer aux exigences de la politique, de l’économie, des entreprises ou des minorités. Elle y parvient en utilisant des terminologies qui estomperkaschierenestompent la la duretédie Härtedureté de la réalité et brouillerverwischenbrouillent les repères habituels sur lesquels se fonde la réflexion. Dans ce sens, la novlangue menacerbedrohenmenace notre relation au monde qui s’se forger [sich bildenest forgée jusqu’ici sur ce que les mots nous en disent.
Dans quels domaines et sous quelles formes s'exerce la novlangue ? Lisez la suite de cet article dans le numéro d'Écoute d'avril.
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